samedi

Rêve encore

Je suis dans un endroit escarpé plein de maisons très belles à flanc de colline. Je ne sais pas s'il y a la mer en dessous, on pourrait le penser.
.
J'erre sur les sentiers une fois de plus à moitié fugitive. De nulle part implantée, je sillonne les chemins entre les maisons. De grandes maisons. Parfois le sentier est une terrasse en bois, tout simplement des pontons, des entrelacs d'escaliers qui zigzaguent. Parfois il faut passer directement sur la terrasse d'une maison pour retrouver le sentier plus loin.
.
Il y a de grandes fenêtres et beaucoup de maisons vides mais l'une d'elles est grande ouverte et j'entends de très beaux chants. Une chorale, des professionnels sans doute car l'harmonie est profonde, de multiples voix d'hommes s'entre-mêlent parfaitement. Ce chant est comme une vague. Il s'étale. C'est merveilleux. J'ai la mélodie en tête, son mouvement.
Je ne distingue que le haut des têtes à travers la fenêtre d'une belle pièce, spacieuse
Le chef d'orchestre me voit et baisse les stores en bambou.

Je reprends mon trajet, j'enjambe une balustrade.
Serais-je une cambrioleuse ? Cambrioleuse de vue, d'atmosphères, d'escaliers qui montent et redescendent toujours plus serrés contre la falaise ? Je suis en maraude de là. Je scrute et vire et cherche. La musique est restée en moi, les choeurs reprennent de plus belle. La répétition se poursuit.

Je me réveille, j'ai exactement l'air dans la tête, je le connais. La vague m'a parcourue. Quelques instants plus tard, elle part. Ce monde a disparu. Pourtant j'y étais. C'était moi.




.
.

mercredi

Failles je suis


Je suis failles
Ne regarde pas tu tomberas
En bas de haut
Sans moi

Je suis failles
Celle là trop tôt
Je
Faille d'en haut
Bas je ne sais pas
Ce que je vaux

Je trouble et encore
Je faille sous la peau
Trop Tout
Je me sais mais
L'enveloppe et le fruit
Je suis
Et
J'ai failli.





..............................



.



.

dimanche

Des papillons ?



Il y a des papillons

Qui se foutent de tout

De tout

Des papillons.

.

lundi

Echappatoire

.


Le temps précieux coulait de nos yeux.
" Il est temps de s'en aller"
Il faut savoir briser
Descendait sur la brume cet air inattendu
On a pris les bagages et commencé la descente vers la route, en dessous.
L'ombre s'agrandissait sur l'herbe de la colline, tu ne voulais pas être vu.

.

mercredi

Passagère



Passagère, tu viens d'une famille où tôt on quitte le nid.
Il y a cette distance, le goût des départs violents et l'indocilité.
Passagère, tu n'as au fond, pas de famille à habiter pour tes vieux jours.
Tu es seule.
Alors tout ce qui peux t'attacher et te faire oublier ta solitude te rend heureuse, de façon momentanée.
Mais passagère, tu veux n'être sûre de rien. 
Tu ne crois qu'au mouvement. Le mouvement des lèvres, et celui des yeux. Le mouvement des mains quand le bateau se soulève. 
Passagère tu ne crois plus rien.
Tu n'as plus de parents, tu n'as plus de sang proche, tu dois tout inventer.
Tu inventes tes proches, de la réalité.
Tu inventes des mots, tu fais valser. 
Tu sautes, tu danses, tu te fous de ce que vous pensez.
Tu ne veux pas de cette vie indifférenciée.
Chez toi on te promettait la différence.
On t'a dit que tu n'étais pas comme les autres.
Passagère, tu vois bien dans leurs yeux, l'entrée et le dessert et leur étonnement au milieu.
Il te reste LUI. Il t'aime pour toute sa vie. Il t'aime pour cela. Parce que tu es une très singulière  et qu'ailleurs tu l'emmènes. Il t'aime pour ne jamais s'ennuyer et pour que la vie braille entre vos doigts. Il t'aime pour ce que tu ne seras pas. Jamais, il a dit comme ça.


...

Entre-coeur

.
Toute petite la fenêtre entre mon coeur et moi chantait tout bas.
.

lundi

D'ombres

.
A l'ombre portée j'ai déroulé un fil. Qu'en reste-t-il ?

.

mercredi

Le rêve fidèle comme moi

.
Cette nuit dans une petite maison à un étage avec un petit escalier et beaucoup de bordel près de la salle de bains, tu m'attendais. La ville était maritime. Un vent en rafale, un parc avec une arène et des spectacles de danse et de pelote basque. Mais ce n'était pas là-bas, c'était ailleurs. Là où nous nous retrouvons et où tu me demandes de choisir. C'est toujours la même sensation et ce choix me tord le coeur. Je veux te retrouver pour toujours, te garder infiniment mais je ne veux pas me passer de lui. Je veux finir ma vie dans son amour, je ne veux pas le laisser sur le côté.
Toi tu es désemparé comme chaque fois, chaque rêve. Tu es à un moment de ta vie où tu veux me revenir, tu veux que je te revienne, toute et tout le temps. Toute. Tu n'as pas la notion de partage, de demie-mesure et pas cette fois là. Car c'est le rêve ultime, notre ultime vie, celle laissée quelque part entre deux villes, deux trains, deux avions, dans notre ancienne existence. 
Quatre ans à ne plus avoir de corps que pour toi, à ne plus rien savoir de moi, quatre années passionnelles valent bien ces piqûres de rappel dans mes nuits d'aujourd'hui. Je le consens. Ma vie ne serait pas du tout celle de ce matin si je ne t'avais pas tout donné. A toi.
Mais ce rêve là emportait la réalité, j'étais plongée complètement dans cette ville nouvelle, ces rues qui menaient chez toi. Je venais de passer la nuit auprès de toi et je réalisais qu'il me fallait retrouver ma maison, mon amour, et que je n'avais prévenu personne de cette absence. J'étais tombée dans un trou d'espace-temps et j'étais paniquée de mon retour ailleurs. Et puis tu voulais que je vienne vivre là et je découvrais cette ville inconnue. Cette ville qui n'existe pas. Mais où tu habites dans ta petite maison où tu me veux. Tout était puissant, envouté par nous deux, par notre force. Toi pour lequel mon corps était fait. Toi pour lequel j'ai parcouru quatre années le coeur battant, sans compter, sûre de te prendre à l'arrivée, avec tes bagages. Et ce fut fait.

Cette ville est la nôtre. Elle est celle des impossibles qui supplient la réalité de les réaliser. Elle est celle de la passion têtue, ivre, qui ne lâche jamais. Et si ce n'est le jour, ce sera la nuit, les yeux fermés, dans un sommeil vivant, rempli.
J'aime que tu sois resté ainsi dans ma  vraie vie, même si au réveil j'ai une peur subite, écrasée par le poids du choix à faire. Mes yeux s'ouvrent sur le matin et je me calme assez vite. Car il y a une seule chose dont je suis sûre. Les déchirements sont passés, dépassés, caressés, choyés, délivrés de la terreur de devoir exister

..

dimanche

S'étendre dans le bonheur

..


Le jour n'est pas toujours si petit, mon amour.

..

samedi

Un tour et puis.

.
Le rien que tu laisseras vaudra-t-il cette peine ?

Je pense chaque jour au moment où je vivrai sans toi
Je pense chaque jour au moment de partir
De cette vie
Ne plus tenir à rien.

En fin.

Et puis j'aurais laissé de ma petite graine
Chez toi et toi
Même de loin
Croisé ces chemins

Partir alors vaudra la peine de s'éloigner et lâcher ce rien
Devenue lente et diffuse évaporée répandue
Puisqu'il le faut bien

Je suis sûre qu'au bon moment on pense à ceux déjà partis
Et enfin ils jouent leur rôle de réconfort
On ne pleurera plus leur absence, on est heureux de l'ultime partage
Passer par là où eux

Ils ont déjà fait ce grand voyage
Se rejoindre un peu, cet impossible à découvrir
Ce grand passage
En faut-il peu en faut-il beaucoup ?

Je voudrais sourire jusqu'au bout.