mercredi

Le rêve fidèle comme moi

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Cette nuit dans une petite maison à un étage avec un petit escalier et beaucoup de bordel près de la salle de bains, tu m'attendais. La ville était maritime. Un vent en rafale, un parc avec une arène et des spectacles de danse et de pelote basque. Mais ce n'était pas là-bas, c'était ailleurs. Là où nous nous retrouvons et où tu me demandes de choisir. C'est toujours la même sensation et ce choix me tord le coeur. Je veux te retrouver pour toujours, te garder infiniment mais je ne veux pas me passer de lui. Je veux finir ma vie dans son amour, je ne veux pas le laisser sur le côté.
Toi tu es désemparé comme chaque fois, chaque rêve. Tu es à un moment de ta vie où tu veux me revenir, tu veux que je te revienne, toute et tout le temps. Toute. Tu n'as pas la notion de partage, de demie-mesure et pas cette fois là. Car c'est le rêve ultime, notre ultime vie, celle laissée quelque part entre deux villes, deux trains, deux avions, dans notre ancienne existence. 
Quatre ans à ne plus avoir de corps que pour toi, à ne plus rien savoir de moi, quatre années passionnelles valent bien ces piqûres de rappel dans mes nuits d'aujourd'hui. Je le consens. Ma vie ne serait pas du tout celle de ce matin si je ne t'avais pas tout donné. A toi.
Mais ce rêve là emportait la réalité, j'étais plongée complètement dans cette ville nouvelle, ces rues qui menaient chez toi. Je venais de passer la nuit auprès de toi et je réalisais qu'il me fallait retrouver ma maison, mon amour, et que je n'avais prévenu personne de cette absence. J'étais tombée dans un trou d'espace-temps et j'étais paniquée de mon retour ailleurs. Et puis tu voulais que je vienne vivre là et je découvrais cette ville inconnue. Cette ville qui n'existe pas. Mais où tu habites dans ta petite maison où tu me veux. Tout était puissant, envouté par nous deux, par notre force. Toi pour lequel mon corps était fait. Toi pour lequel j'ai parcouru quatre années le coeur battant, sans compter, sûre de te prendre à l'arrivée, avec tes bagages. Et ce fut fait.

Cette ville est la nôtre. Elle est celle des impossibles qui supplient la réalité de les réaliser. Elle est celle de la passion têtue, ivre, qui ne lâche jamais. Et si ce n'est le jour, ce sera la nuit, les yeux fermés, dans un sommeil vivant, rempli.
J'aime que tu sois resté ainsi dans ma  vraie vie, même si au réveil j'ai une peur subite, écrasée par le poids du choix à faire. Mes yeux s'ouvrent sur le matin et je me calme assez vite. Car il y a une seule chose dont je suis sûre. Les déchirements sont passés, dépassés, caressés, choyés, délivrés de la terreur de devoir exister

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12 commentaires:

  1. comme c'est troublant , ce récit moitié onirique - moitié réel, ce qui aurait pu, ce qui est , toujours sur le fil , l'âme en équilibre , mais déchirée ..je la vois cette petite maison avec son escalier , dans cette ville inconue mais familière ..j'ai vécu aussi cette sorte de dédoublement dans une autre vie et en reste encore , quelque part, habitée , visitée par ces rêves qui nous laissent un instant égarée au bord de la réalité..

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  2. Merci pour ce commentaire. Habité par le désir, l'inconscient parle les yeux fermés. D'ordinaire muets de nous mêmes, alors on s'entend loin.

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  3. " Nos histoires d’amour sont les mêmes
    Comme si nous avions pratiqué
    Dans des piscines parallèles
    La natation synchronisée
    Nous avons cru faire une transat
    En solitaire mais à la place
    Nous ne dessinons sur l’asphalte
    Qu’un ballet d’Holiday on ice
    (Vincent Delerm)


    Me croiras-tu si je te dis, à quelques lignes près, que j'aurais pu signer ton rêve éveillé ? …

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  4. Bien sûr que je te cois, bien sûr. Tant mieux si cela te parle. Nos rêves ensommeillés qui tant nous ressemblent, nous rassemblent.

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  5. Un nouveau blog, de nouveaux mots. je reviendrais plus tranquillement. Juste un coucou en passant.

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  6. Hum...Merci et je suis surprise : Il y a quelques temps tu m'aurais dit : Oh là là, encore un blog, je suis un peu perdue ! Ah ah ah !
    Welcome my dear. Je viens de temps en temps ici, depuis..depuis ?? le printemps 2010, je crois.

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  7. Troublant, poétique, planant, nostalgique et des images...des images sur ce film, à n'en plus finir.

    Cordialement,

    Roger

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  8. C'est très gentil Roger. Et Je vois que tu trouves encore le temps de lire parmi la centaine de fan-blogueurs que tu as (je ne te laisse plus de messages, la foule me fait peur).
    Le rêve, tu es connaisseur.

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  9. Tu sais, je vis trop modestement pour loger tout ce monde à la maison. L'important pour moi, n'est pa s le nombre, c'est la qualité humaine. J'ai encore beaucoup de choix dans mes lectures et, je suis comme toi, je n'écris pas partout, mais simplement par rapport à ce que j'ai ressenti. C'est le cœur qui me conduit, non l'intérêt.
    Bel automne, n'est-ce-pas ?
    douce et belle journée à toi,

    Roger

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  10. Ce rêve, en est-il un ? Nous cimentons nos rêves à notre puissance d'aimer. Tous ceux qui ont un jour traversé de multiples amours s'y reconnaîtront.

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  11. (Merci d'être venu quelques instants écouter Benzine, et à bientôt)
    ...

    "Cette ville est la nôtre. Elle est celle des impossibles"
    J'aime cette phrase et ce texte, bien écrit, riche. Ce texte troublant, énigmatique, si beau et si poignant...

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  12. Oui Lise ce rêve en est un vérité-véritable, absolument, tel qu'écrit dans la fièvre du matin même, mon corps consentant et encore sous le choc.

    Merci Alfonso. Texte de vécu pur, dans la chair et mon inconscient, ramené comme une marée basse sur mon amour perdu mais vivant. Ah.....Tous ces coquillages en nous et qui se remplissent, se remplissent....

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