lundi

Nos corps, nos âmes


Nous n'étions encore sûrs de rien. Tu jouais encore.
J'étais en sursis, pas indemne. J'étais trop comme ceci ou cela.
Trop serrée dans ma jupe, incertaine, insécurisée.
Je t'accompagnais là  où tu allais ce jour là. Mais je restais à côté.
Je détestais tout cela.
Tu jouais, tu frôlais mes limites.
J'aurais dû t'en vouloir, mais.

Et nous nous sommes assis dans ce café parisien très habité, très gai, très.
Le serveur nous scrutait pour essayer de savoir où en étaient ces deux-là.
Difficile à dire. 
Et tu régnais.
Nous étions face à face mais tout à coup ce n'était plus possible.
Ton corps en demandait plus. Se rapprocher. Se coller sur la banquette.
Ta main sur ma jupe et puis dessous.

Dans l'air notre moiteur impossible à retenir. Nos peaux et nos tendons dessous en éruption de vertiges.
Ton visage entrant dans le mien. Nous nous appartenons. Ils nous l'ont toujours dit.

L'assurance sauvage. Ta main qui se retient. Plus rien n'est à sa place. 
Pas la place ici, assis serrés dans ce café. Pas le moment là dans ce bout de vie. Il y a trop de murs, trop de peurs, trop d'incertitudes et trop de pas assez.

Le corps crie mais il faut partir, se lever.
Sur le trottoir je suis abasourdie. Ce n'est pas cette vie. Ce n'est pas celle que je veux.
Il faut marcher, vaquer à je ne sais quoi.
Nous marchons dans Paris mais je te déteste. Pourquoi ne m'appartiens tu pas au delà ?
Pourquoi marcher, pour quoi être debouts ?
Je veux rester dans ce café et mourir d'humidité et de ta chaleur. Je veux me presser contre toi à jamais.
M'évanouir de nos plaisirs et ne rien ni personne ne laisser passer entre nous.
Je veux être toi, au centre.

Je veux ton âme , me diras tu plus tard.
L'as tu ?

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