mardi

Ô Piano

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Le piano chez ma grand-mère.
Je jouais à l'heure de la sieste et avec quelques doigts une harmonie se faisait.
Sous les lustres du grand salon face au port.
Les rideaux cherchaient l'ombre.
Les corps se relâchaient pour se relever plus tard dans l'après-midi chaude.
Je m'ennuyais à cette heure et je restais longtemps sur le clavier refaisant ma vie de petite fille.
Dans la musique il n'y a que toi et toi et une immensité de voyages.
Un ruban déroulé qui dévale une colline.
Des dentelles

Une petite fille qui voit déjà ce grand salon et les peintures florentines au plafond.
On l'appelle. Le couloir est immense aux carreaux rouges.
C'est un temps où les parents sont encore là.
L'un et l'autre.
Le sable est à portée de ses pas. Il y en a plein la maison.
Chaque coucher de soleil est une fête.

On le regarde plonger jusqu'au bout et dans les yeux de sa mère il y a quelque chose
Elle ne saura jamais trop quoi exactement.
Est-ce l'exil, est-ce l'abandon face à la vie qui creuse ?
Est-ce autre chose.
Est-ce ce trop qu'elle portait et tout ensemble cette frénésie de dire ?
Est-ce un amant, un souvenir, est-ce toute cette envie dont elle sait qu'on ne peut tout vivre ?
Est-ce la mort qu'elle savait et qu'on noyait dans cette boule rouge ?
Est-ce cet au delà où elle irait un jour ?

Au piano la petite fille rêve. D'un autre monde.




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2 commentaires:

  1. Depuis que je te lis, je ne fais plus grand chose..
    Tout me touche à un point, c'est parfois difficile et aussi ça fait du bien, merci...

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  2. Laisse couler. Ne va que vers ce qui te fait du bien.

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